Épisode 134 – Pour cette session, je me décide à vieillir le wagon plat offert par Antoine en vue de l’incorporer à ma rame de service « Voies et Bâtiments« .
J’ai déjà patiné un wagon plat à ranchers de la marque Roco. Le résultat était plutôt encourageant avec l’obtention d’un joli wagon chargé de grumes en véritable bois naturel. Je suis donc plutôt confiant pour attaquer ce second plat.
Photo 793 : Patine d’un wagon plat pour parc de service. Source : letraindemanu.fr
Pour mémoire, je travaille sans aérographe, uniquement aux pinceaux avec des jus de peintures acryliques fortement diluées avec de l’alcool médicinal à 70°. L’alcool s’évapore plus vite et diminue donc les temps de séchage entre chaque couche. Ma technique est donc simple, reproductible aisément par des néophytes et d’un coût dérisoire.
Je retire les essieux.
Premières peintures
Je commence par appliquer un jus (une toute petite noisette très diluée) d’ombre naturelle (à préférer au noir de mars) sur les renforts verticaux et l’ensemble du châssis, poignées, mécanismes et traverses de tamponnement compris. Je passe deux couches. Une troisième couche est étalée sur l’ensemble du wagon, parois externes et internes, ainsi que sur le plancher. Je ne peins pas sur les marquages d’origine. Ce premier travail de peinture va accentuer tous les reliefs et les creux, là où s’accumule la crasse. On laisse bien sécher entre chaque couche car la peinture va foncer au séchage.
La seconde étape consiste à appliquer des couches successives de jus « crasse » très dilué. Ce jus « crasse » est en fait le résidu de vos travaux de peintures précédents et des nettoyages de vos pinceaux. Si vous n’avez pas assez de quantité, vous pouvez le fabriquer en mélangeant 50% de noir de mars, 25% de blanc de titane, 25% d’ombre naturelle et une noisette de terre de Sienne, le tout très dilué (8/10e) a l’alcool à 70°.
On dispose d’un jus « crasse » par type de peinture : Acrylique (avec mes peintures Pébéo) et à solvant (peintures Humbrol). Les deux ne se mélangent pas.
Décalcomanies
A ce stade, le wagon est déjà pas mal sali. Il faut maintenant s’occuper des marquages.
Je vais transformer ce wagon immatriculé à une entreprise allemande en wagon français. J’utilise ma planche de décalcomanies Atelier CJ Model’s référence 319 « marquages pour wagons de service époque III » : une immatriculation pour wagon plat et un marquage «VB» par face.
Les décalcomanies sont découpées au plus près du marquage puis trempées une dizaine de secondes dans de l’eau en bouteille (évitez l’eau du robinet trop calcaire). Je dépose ensuite la décalcomanie à son emplacement en veillant à l’horizontalité des inscriptions. Le film support est ensuite tiré avec une pince à épiler tout en maintenant en place le marquage avec un coton tige. Je tapotte avec un pinceau à poils souples pour finir l’adhérence de la décalcomanie. Pour ce wagon aux parois non lisses, il eut été préférable d’utiliser un ramollisseur spécial pour décalcomanies (au lieu de l’eau), mais je n’en ai pas.
On laisse sécher.
Suppression des anciens marquages
Maintenant que le wagon a reçu sa nouvelle immatriculation française, il faut supprimer les anciens marquages. Comme dans la réalité, lors de modifications d’inscriptions ou de petites réparations, les retouches de peintures n’étaient pas forcément à la teinte d’origine. Sur un papier d’alu, je dépose une petite noisette de vert » Émeraude de phtalocyanine » et une d’ombre naturelle. En mélangeant on obtient différentes teintes de vert plus ou moins foncées assez proche du vert initial. Après avoir trouvé le coloris qui me convient, je fais un test sur le plancher. C’est sans risque puisque le plancher sera recouvert plus tard.
Puis je recouvre les inscriptions avec ce vert. On suppose que ces travaux sont, dans la réalité, faits le même jour. Donc, c’est le même vert qui est utilisé pour toutes les sérigraphies à recouvrir.
Photo 794 : Patine wagon plat ho. Pose de nouveaux marquages français et masquage des inscriptions allemandes. Source : letraindemanu.fr
Vernis
A ce stade, le wagon est prêt à recevoir une première couche de vernis mat. Sans aérographe, j’utilise du vernis en bombe. Préférez un vernis pour modélisme (voir nos artisans dans colonne de droite) ou pour arts graphiques (Truffaut, Zodio,..). Évitez absolument les vernis de grand surface de bricolage moins adaptés à nos travaux minutieux. On pulvérise à une quinzaine de centimètres avec des allers retours rapides. Le geste est plus large que l’objet à travailler : on démarre et on cesse hors champs et ce pour avoir une pulvérisation homogène et fine. Ce vernis va protéger vos décalcomanies et votre première phase de peinture. Il va permettre également une meilleure accroche des terres à décors lors de la phase suivante.
Les nouveaux marquages et les retouches de peinture sont trop propres. Il faut donc les patiner, en appliquant une à deux couches de jus « crasse« .
Nouveau voile de vernis.
Terres à décor (TAD)
On travaille sur un vernis à peine sec, environ une quinzaine de minutes après son application, pour favoriser l’accroche. Comme pour mes wagons précédents, j’applique de la TAD :
● rouge brique sur les lames de ressorts et boisseaux de tampons ;
● Ocre clair sur l’ensemble du châssis,
● puis ocre foncé et noir poussière.
Le plancher est traité de même.
Sans excès, il faut malgré tout être généreux, car la patine à la TAD va sérieusement s’estomper avec le vernis.
La TAD s’applique avec un petit pinceau à poils souple. C’est un pinceau strictement dédié (il ne sert à rien d’autre). On trempe légèrement le pinceau dans la TAD, puis on tapote sur le pinceau pour faire tomber l’excédent dans son récipient. C’est seulement ensuite que l’on applique la TAD sur le wagon. Si on a la main un peu lourde, on peut frotter avec un petit pinceau à poils plus rugueux pour étaler. L’application se fait toujours :
● du haut vers le bas sur les parois verticales
● et du centre vers l’extérieur sur les surface horizontales.
Quand toutes les surfaces sont traitées, on passe un voile de vernis. On laisse sécher.
Si la patine s’est trop estompée, il suffit de recommencer l’opération. Dans le cas contraire, il est difficile de rectifier.
Photo 795 : Patine wagon plat ho. Patine aux terres à décor. Source : letraindemanu.fr
Le chargement
Mon plat sera uniquement destiné au transport de ballast pour le service « Voies et Bâtiments (VB)« . J’utilise donc mon ballast en sable naturel qui m’a servi pour la voie K de mon module « ZI Nord ».
J’applique une couche de colle vinylique (colle à bois dite colle blanche) à prise rapide sur le plancher du plat. Puis, avec un entonnoir de cuisine, je charge le ballast. Je vaporise de l’eau avec un brumisateur, puis je dépose ensuite, en goutte à goutte, de la colle vinylique diluée à 50% d’eau avec une seringue munie de son aiguille intramusculaire (couleur verte). L’aiguille est maintenue avec une main pour éviter une désadaptation avec la pression.
Deux passages suffisent. On laisse sécher une nuit complète.
Photo 796 : Patine wagon plat ho. Chargement en sable naturel. Source : letraindemanu.fr
Finition
Si le résultat vous plaît, il est temps d’appliquer une couche de vernis final sur l’ensemble du wagon, chargement compris. On remonte les essieux en déposant une goutte d’huile dans les boites d’axes d’essieux. Attention, avec le vrai ballast, le wagon s’est alourdi. Pour une courte rame, c’est sans incidence, au contraire. Pour de longues rames (plus de dix wagons de même poids), il faudra en tenir compte pour ne pas fatiguer les moteurs de vos engins de traction, en particulier avec des rampes supérieures à 2,5%.
J’ai profité de ces travaux pour patiner un peu les marquages de mon wagon atelier et de mon tombereau de sable.
Photo 797 : Patine wagons plat, tombereau et couvert (wagon atelier) ho du parc de service. Chargement en sable naturel. Source : letraindemanu.fr
Il ne me manque plus qu’un plat à bogies pour transporter du ballast, des traverses, une mini-pelleteuse et quelques futs.
Emmanuel