Atelier : Bien bricoler en toute sécurité


Épisode 78 – Dans sa pratique quotidienne, le modéliste ferroviaire est amené à utiliser des appareils dangereux et des produits nocifs. Il est donc pertinent de prévenir les risques et rappeler les règles de sécurité et de bonnes procédures pour s’adonner à ce loisir en toute quiétude.


Avec 4,5 millions de recours aux urgences, 500 000 hospitalisations et 20 000 décès par an [1], l’accident de la vie courante est un enjeu majeur de Santé publique. Parmi ces chiffres inquiétants, un site de prévention dénombre 300 000 accidents pour la seule activité de bricolage et jardinage [2]. Et comme dans la majorité des accidents, le facteur humain est prépondérant.


Photo 387 : règles de sécurité pour le bricolage. Source : internet, Brady.co.uk

Le modélisme ferroviaire, avec ses outils dangereux et ses produits nocifs, n’échappe pas à ces risques qu’il convient de rappeler. Et pas seulement que pour les débutants, puisqu’une étude déjà ancienne de l’Institut de veille sanitaire pointe la tranche d’âge 25/44 ans comme principale victime [3].

1. Prévention individuelle

Être dans de bonnes conditions psychiques

  • Pas de bricolage après avoir consommé de l’alcool. Cela peut paraître évident, mais c’est nécessaire. On oublie donc la séance de travail le dimanche après un bon déjeuner familial bien arrosé. Exit également la petite mousse rafraîchissante pendant une pause méridienne. On réserve ce temps de convivialité quand tout est fini, l’outillage rangé et la pièce nettoyée pour admirer l’avancée des travaux.
  • Pas de bricolage sous certains traitements médicaux. Beaucoup de médicaments entrainent des troubles de la vigilance. Et pas que des traitements psychotropes (anxiolytiques, antidépresseurs,..) ! Des médicaments cardio-vasculaires, neurologiques… peuvent influencer la concentration et les reflexes. Ils sont généralement signalés par des pictogrammes sur leur emballage.
  • Tous les patients sous antiagrégants plaquettaires (aspirine, Plavix®, …) ou anticoagulants saignent facilement et plus longtemps et cicatrisent plus difficilement. Sous ces traitements, on fait donc preuve de plus de vigilance. On met également à jour sa vaccination antitétanique. N’hésitez pas à en parler avec votre médecin, pharmacien ou infirmière.
  • Pas de bricolage de mauvaise humeur. Il faut être serein. Pas de séance donc après une engueulade avec un parent, une prise de tête avec Chéri-chéri, ou après avoir ouvert le dernier courrier de rappel des impôts et ses 10% d’augmentation. La moindre contrariété durant la séance risque de tourner à la catastrophe : accident physique mais aussi ratage artistique.

Des vêtements adaptés

  • L’idéal, c’est la salopette dédiée. On privilégie les manches courtes et on évite les vêtements trop amples qui risquent de s’accrocher ou ceux trop serrés qui gêneront les mouvements. On préfère des vêtements en coton plutôt que synthétiques moins vulnérables aux produits chimiques et au feu.
  • Les chaussures doivent être confortables, de préférence renforcées à leur extrémité (chaussures dites de sécurité). Et surtout antidérapantes. Chaussure de sécurité n’est plus synonyme de grosse godasse de chantier. On trouve des baskets renforcées très adaptées à notre pratique.


Photo 388 : équipements individuels de sécurité. Source : Internet, Askabox.fr

  • Les cheveux longs, c’est beau. Mais ça peut présenter non seulement une gêne mais surtout un vrai risque, notamment avec les outils motorisés. Les cheveux longs sont donc attachés. L’idéal est même de les couvrir d’une charlotte.
  • On retire également ses bijoux. Non seulement ils peuvent gêner les mouvements mais en plus ils ne font pas bon ménage avec nos produits chimiques et nos contorsions (montres, bracelets, bagues et colliers). Les grosses boucles d’oreilles sont proscrites.

Indispensables lunettes

  • Les yeux sont précieux et fragiles. Il ne faut pas hésiter à investir dans des lunettes de protection de qualité. C’est un investissement durable et primordial. Il faut protéger les yeux des éclats et corps étrangers (travaux sur les bois, métaux et plastiques), les préserver de toutes projections (solvants, décapants, …) ainsi que des nombreuses poussières (sciage, ponçage, …). Leur taille doit permettre le port d’éventuelles lunettes correctrices.

Les lunettes correctrices ne sont en aucun cas des protections suffisantes.

Voies respiratoires

  • Le port d’un masque anti-poussière est nécessaire pour toutes les opérations génératrices de particules fines : sciage et ponçage en particulier. Méfiez-vous des outils électriques sur lesquels on peut brancher le tuyau d’aspirateur. Non seulement cela ne protège pas à 100% des particules, mais surtout ils peuvent être une gêne dans le maniement de l’appareil. C’est le cas de la scie sauteuse notamment. Dangereux.
  • Il faut également protéger les voies aériennes de la toxicité de nombreux produits volatiles. Les inhalations nocives peuvent conduire à des réactions allergiques voire des troubles neuromusculaires. Cela est d’autant plus important que le temps d’exposition est long et l’atelier mal ventilé.

Tous les masques ont une durée de vie limitée.

Les mains

  • Il existe toute une panoplie de gants protecteurs pour protéger nos mains des risques d’abrasions, d’entailles, de corps étrangers et de brûlures. En modélisme ferroviaire, les risques majeurs sont les entailles parfois profondes jusqu’aux tendons qui sont des urgences chirurgicales (scies diverses, cutter,…) et les corps étrangers (échardes, éclats,…).

2. Le bruit

Le bruit est à la fois un risque pour votre audition mais aussi une source de conflit avec le voisinage.

  • Protégez vos tympans avec des bouchons lors de l’utilisation d’appareillages bruyants. Le risque auditif est largement sous-estimé par les utilisateurs.


Photo 389 : Échelle des bruits. Source : internet

  • Pensez à respecter la tranquillité de votre entourage en bricolant à des heures décentes. En cas de gros œuvre sur une journée, un petit mot aimable à l’attention de vos voisins évite souvent des conflits.

Si le « tapage » nocturne est réprimé, les « bruits de comportements » diurnes le sont tout autant.  Ainsi, l’article R 1334-31 du Code de la santé publique stipule : « Aucun bruit particulier ne doit, par sa durée, sa répétition ou son intensité, porter atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme, dans un lieu public ou privé, qu’une personne en soit elle-même à l’origine ou que ce soit par l’intermédiaire d’une personne, d’une chose dont elle a la garde ou d’un animal placé sous sa responsabilité.» [4]

3. Prévention des lieux

Rangements

  • Aucun enfant ne doit pénétrer dans l’atelier sans la surveillance d’une personne expérimentée. Pour nos plus jeunes, plus l’apprentissage de la prévention est précoce, plus il est durable. Et le meilleur apprentissage, c’est le bon exemple donné par les adultes. Pour ce qui est du maniement des objets sensibles, il convient de s’adapter à la maturité, à la curiosité et la dextérité de l’enfant. Chacun évolue à son rythme.
  • Bien-sûr Médor et Tigrou sont interdits de séjour dans l’atelier ! D’autant plus qu’eux ne portent aucune protection.
  • Tous les produits dangereux sont rangés en hauteur, hors de portée des enfants. Si besoin le placard est muni d’un verrouillage.
  • Les produits inflammables sont de préférence rangés dans une armoire ou une cantine métallique dédiée qui retardera un éventuel départ de feu. Fermée à clef, elle évitera des mains inexpérimentées.
  • Les outils électroportatifs sont rangés dans leur boite d’origine avec leur notice et leur accès est sécurisé. On ne laisse jamais un outil électroportatif inutilisé branché sur la prise secteur. Exit la prise multiple avec interrupteur ! C’est le meilleur moyen pour oublier de déconnecter l’appareil et le laisser sous tension.

Plan de travail

  • La pièce est suffisamment éclairée et ventilée.
  • Le plan de travail est dégagé, propre et surtout stable. On préfère un établi fixe ou portatif aux tréteaux qui permet une meilleure préhension des matériaux travaillés et supporte la charge vibratoire des outils. Si on a besoin de tréteaux, on choisit un modèle de qualité avec pieds antidérapants. D’expérience, des tréteaux standards ripent trop facilement et leur système de blocage n’est pas assez résistant. C’est dangereux !
  • On protège son dos en privilégiant la position assise ou debout. Une bonne planification des travaux évite des contorsions inutiles et fatigantes.
  • L’installation électrique prévoit suffisamment de prises de courant pour limiter au maximum l’emploi des rallonges sources de chutes. De préférence, l’atelier dispose de son propre disjoncteur.
  • Le sol est sec et rien ne traine. Trébucher avec la scie sauteuse c’est dangereux. Avec la perceuse aussi d’ailleurs.

Élimination des déchets

  • Recyclage interne. En modélisme ferroviaire, on récupère beaucoup, que ce soit des objets de la vie courante ou des rebuts de nos travaux. Prévoyez une zone de stockage propre et sèche pour conserver vos objets en séparant les produits inflammables des matériaux combustibles (bois,  cartons, plastiques).
  • Une poubelle spécifique est prévue pour vos déchets techniques et rangée hors de portée de enfants. Profitons-en pour adopter une pratique écoresponsable : on trie ses déchets et on élimine les produits chimiques par des circuits adaptés. La plupart des communes ou agglomérations sont équipées de déchetterie.

4. Risque incendie

  • Le modélisme est une pratique à risque d’incendie élevé. La structure en bois du réseau est par nature une matière inflammable. Ce risque est accentué par un décor constitué de produits synthétiques (flocages, maquettes,…) et de produits dérivés du bois (carton).


Photo 390 : sécurité incendie, pictogramme. Source : internet

Par ailleurs, la pièce qui accueille le réseau est souvent un grenier ou une cave avec des matériaux d’isolation à proximité immédiate. En cave, le réseau est parfois à proximité de gaines techniques ou d’appareillages sources de chaleur qu’il convient d’isoler. En étage, le réseau doit être espacé d’un éventuel conduit de cheminée, plus encore s’il s’agit d’un foyer ouvert.

Les incendies de produits à base de polystyrène ou assimilés (Dépron, carton plume, isolants thermiques,…) sont particulièrement redoutables de nocivité.

La présence de transformateurs, de moteurs (y compris en très basse tension du réseau modèle !), d’outillages électriques (attention au fer à souder !) et de produits chimiques sont des facteurs de risques (moteur d’aiguille en surchauffe par exemple) qui doivent être anticipés et apprivoisés.

Il est donc prudent d’équiper votre atelier d’un extincteur. Pour un petit réseau dans une chambre d’ado, un 2kg en poudre ABC suffit. Pour un réseau dans une pièce dédiée (grenier en particulier), équipez-vous d’un 6kg.

 On ne fume pas dans l’atelier

5. Éventuellement soigner

  • Compte-tenu des risques, l’atelier est doté d’un kit de premiers soins pour faire face à une blessure : pansement et désinfectant (plaie simple), compresses stériles et bandages (plaie plus grave ou brûlure), pansement compressif (plaie très hémorragique), pince à échardes (corps étranger), flacon de sérum physiologique (rince-œil), …

6. La prévention est avant tout une philosophie de vie

Les dangers s’évaluent et les risques se maitrisent pour toute activité de loisir. Le modélisme ferroviaire compris. L’adhésion à un club ou une association est une option pleine d’intérêt. Outre la convivialité, le plaisir du partage et l’apprentissage artistique, c’est un excellent lieu de formation aux bonnes pratiques de sécurité.

Après ce tour d’horizon généraliste, je reviendrai plus en détails sur certains outils dans un prochain billet.

Emmanuel

Sources :

[1] Ministère des Solidarités et de la Santé, chiffres clés mis à jour le 11 décembre 2015

[2] Site  » comportement qui sauvent « , rubrique l’ « accident de bricolage  »

[3] Enquête de 2000, Institut national de veille sanitaire, site du Minis tère des Solidarités et de la Santé

[4] Source Légifrance

2 commentaires

    1. Bonsoir Marc,

      Tout n’est que question d’apprentissage. Et c’est souvent par crainte de  » ne pas savoir faire  » que l on ne se lance pas. Exemple avec la patine des wagons : j’ai attendu 51 ans avant de m’y mettre. Dommage ! C’est sans aucun doute perfectible, mais les premiers résultats sont encourageants. Et puis c’est en faisant que l’on apprend.

      Sinon il reste une solution : te faire greffer deux mains droites.

      Merci de ton intérêt pour ce blog.
      Emmanuel

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