Épisode 65 – Après une longue période de réflexion, je me décide à patiner la seconde citerne à carburant offerte par Olivier. Après les soucis rencontrés sur l’exemplaire précédent, je modifie un peu la technique. Retour d’expérience.
Parmi les wagons offerts par Olivier début octobre, il y avait deux wagons citernes Märklin datant des années 1990 : L’un sérigraphié « Téxaco » et l’autre « BP« . Je n’ai eu aucun scrupule à m’exercer à la patine sur le premier car sa tampographie était très dégradée sur l’un des cotés. En revanche, pour le second, j’y ai réfléchi plusieurs jours. Je m’en explique.
Un wagon pour une rame de parade
Patiner, c’est avant tout reproduire au plus près de la réalité. Avant de se lancer, il convient donc de définir la future utilisation de ce wagon.
Le wagon BP est certes âgé, mais il est en très bon état. Hormis une ou deux pointes de rouille sur les tampons, le wagon est complet, son marquage, tant sur la citerne que les plaques d’immatriculations, relativement bien conservé, à peine délavé. Même ses vieux attelages métalliques sont au gabarit et absolument pas faussés, ce qui est rare pour un wagon de cet âge.
Photo 334 : Le wagon citerne Märklin 4644 à l’effigie de « BP ». Source : letraindemanu.fr
Ce wagon peut-il être incorporé au parc des unités destinées aux manœuvres intensives qui sont la raison d’être de ce module « Z.I. Nord« . ? En réalité non, et ce pour deux raisons :
– La première concerne les attelages justement. Ils sont anciens, volumineux et pas très compatibles avec les attelages courts de la marque en particulier ceux de ma 050 TA 23 qui a pour mission de réaliser ces multiples manœuvres. Il me faut donc envisager son utilisation en rame complète non sécable. De ces rames qui animent ma ZI en la traversant, voire s’y arrêtant un temps, mais qui, ni ne dépose, ni ne reprend de wagon. Une rame de parade en quelque sorte.
N’oublions pas que » Z.I. Nord » n’est qu’un « morceau » de la ligne de la CIC : Tous les trains ne s’y arrêtent pas. Il y a d’autres entreprises à desservir, ailleurs, hors scène. Ce qui peut justifier toute circulation marchandises y compris en train complet.
– la seconde est d’ordre esthétique : Le wagon a presque vingt-cinq ans d’âge. Il est évident qu’il ne répond plus aux standards esthétiques actuels de finesse des détails. Ceci est d’autant plus flagrant s’il est à coté d’un wagon récent, y compris un wagon de la gamme simplifiée dite « Start-up« .
Patiner pour retracer une histoire
La philosophie de la patine est là : Retracer la vie d’un matériel en reproduisant les empreintes du temps.
Photo 335 : A gauche, le wagon citerne Märklin 4750 patiné (ex Texaco) et à droite le wagon citerne Märklin 4644 en livrée BP. Source : letraindemanu.fr
Je destine donc mon wagon à mon parc de service, ces matériels de seconde main (au propre comme au figuré) utilisés par la compagnie pour son usage interne : Transport de sable pour la sablerie, transport de ballast pour les réfections ponctuelles, transport de charbon et de carburant pour les engins moteurs et wagon atelier.
Ma citerne sera donc destinée au ravitaillement de mon futur dépôt (N’oublions pas qu’une extension est désormais envisagée…). Wagon ancien, je vais donc le traiter comme le wagon citerne précédent pour avoir deux wagons semblables sans être rigoureusement identiques. Ces deux citernes feront ainsi un ensemble harmonieux indissociable. J’envisage même de virer les attelages d’origine pour les remplacer par une barre fixe.
Mise en peinture
La technique de base ayant déjà été expliquée dans l’épisode 59, je vous invite à vous y référer. Le wagon est décapé à l’acétone à l’exception du logo. Surprise, sous la peinture verte, le plastique de la citerne est teinté dans la masse dans le même vert.
Pour le wagon précédent, j’avais rencontré des difficultés pour la mise en peinture de la citerne : peinture pas assez fluide, teinte ratée, pinceau pas adapté, …
Cette fois, je me prépare un godet de peinture grise acrylique (produits Pébéo pour mémoire). Le godet est un simple récipient de sauce soja récupéré d’un restaurant asiatique (En modélisme, on ne jette rien, on réutilise tout). Avec son couvercle étanche, je vais pouvoir conserver ma peinture sur plusieurs jours sans risque d’évaporation. Car la mise en peinture va nécessiter plusieurs couches.
Je mélange donc une belle noisette de « Blanc de titane » avec un peu d’ « ombre naturelle » et de « noir de mars« . L’ « ombre naturelle » est une nouveauté pour moi. C’est donc la première fois que je vais l’utiliser. Je vous invite à lire le tutoriel dédié sur « Le blog d’Elisa« . Le tout est dilué avec quelques gouttes d’alcool à 70°. J’obtiens ainsi un joli gris bien plus agréable, pas trop foncé et assez fluide. La quantité doit être suffisante pour plusieurs jours de travail sur la citerne ainsi que le châssis. Il vaut mieux en avoir de trop que pas assez.
Photo 336 : Première couche de peinture sur la citerne du wagon Märklin 4644. Notez le godet permettant de conserver le mélange plusieurs jours, la largeur du pinceau et les baguettes de maintien. Source : letraindemanu.fr
Le logo
Dans un premier temps, j’ai imaginé pouvoir conserver uniquement le logo « BP« . Je l’ai donc masqué avec un morceau de ruban adhésif aux contours découpés au cutter, directement sur la citerne. Très mauvaise idée !
Après avoir appliqué plusieurs couches de mon mélange, chaque couche étant poncée, les traces de cutter sont restées indélébiles et vraiment très moches. J’ai finalement retiré l’adhésif et ai fait une croix sur le logo en décidant de le masquer définitivement. Nouveau ponçage et nouvelle couche de peinture. J’ai répété l’opération sur plusieurs jours.
La peinture a été appliquée cette fois avec un pinceau plat N°10. Le résultat est plus satisfaisant.
Photo 337 : Différentes étapes pour masquer le logo et peindre la citerne sur le wagon Märklin 4644. Source : letraindemanu.fr
Une prochaine fois, j’essaierai de recouvrir le logo puis de le nettoyer immédiatement au coton-tige imbibé d’alcool à 70°.
Le châssis
Les temps de séchages entre chaque couche de la citerne ont été mis à profit pour travailler sur le châssis et les garde-corps. J’ai pris un peu de mon mélange initial pour faire un second godet d’un gris un peu plus foncé. J’ai traité le châssis avec ce second mélange.
Pour cette étape, peu de différence avec la citerne précédente.
La rouille
Le résultat obtenu sur la première citerne me convenait. J’ai donc réitéré le processus : Application d’un peu de colle en bombe sur les futurs points de rouille et application au pinceau de terre à décor (TAD) « rouge brique » à ces endroits. L’application est généreuse et se fait au dessus du pot de TAD pour immédiatement récupérer le surplus. J’obtiens ainsi une belle couche de rouille qui sera ensuite atténuée par la TAD noir poussière.
J’en profite pour passer un peu de cette TAD rouge sur les tampons, la passerelle et le garde corps.
Le lavis de gasoil
C’est un vieux wagon mal entretenu. C’est pourquoi il y a beaucoup de traces de gasoil sur la citerne qui émanent de l’orifice de remplissage et qui s’étendent par gravité. Le lavis est réalisé avec du « noir de mars » très dilué à l’alcool à 70° et appliqué par couches successives. J’alterne applications au pinceau et retouches au coton-tige jusqu’à obtenir l’effet désiré. Finalement, ce n’est pas si simple si on ne veut pas tomber dans l’outrance.
Photo 338 : Le wagon citerne Märklin 4644 patiné. Source : letraindemanu.fr
En conclusion
La patine de ce wagon a été mieux appréhendée, hormis le traitement du logo qui s’est révélée catastrophique. Les wagons d’occasion sont faits pour cela : apprendre.
Le résultat obtenu me convient. Mes deux citernes forment désormais un ensemble harmonieux pour ravitailler mon dépôt en gestation et s’incorporent parfaitement avec mon tombereau OCEM 29 plein de sable et mon wagon atelier.
Il ne manque plus à ces unités que des marquages adéquats par décalcomanies spécifiques que je pourrais trouver sans doute chez « Tchoutchou.fr ». Complétée de deux tombereaux chargés de charbons, cette rame de service pourra trouver sa place sur une voie de débord dans un futur dépôt.
Photo 339 : Le wagon citerne Märklin 4644 patiné est incorporé à une rame de service de la CIC. Source : letraindemanu.fr
La patine permet ainsi à ces wagons anciens de masquer leur année de fabrication (une génération déjà !) et de côtoyer des modèles plus récents dans ma « Z.I. Nord« .
Emmanuel
Bonjour Manu..
– votre problème en modélisme vous cherchez à être trop parfait..
En regardant les anciennes photos , on peut très bien voir , que les voies ne sont pas rectilignement tirées au cordeau..
la rouille sur les bords des rails est tantôt très claire , tantôt très noir.
il en va de même pour les wagons , le seul moment ou une rame de wagon se ressemble , c’ est quand ils viennent de sortir d’ usine et qu’ ils vont subir le premier chargement.
Par la suite , aucun wagon ne se ressemble..
chaque wagon , subit , Sa patine..
Un wagon citerne , il en va de même ..
Dans les années 1985 à 1987 , les postes de remplissage des wagons n’ étaient pas équiper de clapet automatique pour le remplissage du wagon, ou du camion.
– Donc , en générale nous le faisions de visu ..
– pour arréter le remplissage, vous deviez quitter votre poste d’ observation et de faire très vite sans vous cassez la figure, de fermer la vanne de remplissage , un volant , à tourner rapidement..
Hélas , pas, par manque d’ attention , mais il arrivait que nous dépassions le repère de jauge , qui est bien sur à ne surtout pas dépasser
hélas , souvent à cause d’ une chute., …
Et hélas , quand sa arriver , non seulement vous passiez un sacré savon , mais ensuite vous deviez passer le wagon ou le camion à la lance incendie sur l’ aire de lavage, et suivant la rigueur du lavage avec le produit ,
le carburant se dissolvait, mais en général , il en restait toujours de belles coulures.
Par la suite , l’ éclairage des postes de remplissage furent améliorer et les pistolets de remplissage furent munis de clapet anti retour, comme pour les pompes à essence..
de nos jours avec l’ électronique sa c’ est surement amélioré, car il suffit d’ entrer dans l’ ordinateur la contenance du wagon , et automatiquement le wagon reçoit exactement son volume de carburant pas un litre de plus.
ce qui explique que les wagons sont un peu plus propre..
– En général pour palier à cette catastrophe la couleur du wagon était soit plus clair , pour l’ essence et foncé pour le fioul lourd..
puis l’ adjonction de cornières pour guider le débordement, voir d’ une gouttière qui récuperait le liquide qui par la suite arrivait à la base du wagon par un tuyau, appelait tuyau de trop plein, c’ était déjà bien plus commode..
Donc pour en revenir à ce wagon, tu pouvais laisser le logo BP , et laisser la patine séchée dessus , par la suite avec un coton tige et un peu de décapant , tu pouvais laisser réapparaître l’ écusson ..
– Je me souviens , le plus pénible en chargement se furent ..:
– le fioul lourd bien sur.
– le goudron…
– l’ acide .
– le soufre liquide..
A savoir , que pour éviter l’ implosion de la citerne , il fallait absolument monter sur la citerne et entrouvrir le dôme , opération périlleuse à l’ époque car les marches étaient très glissantes.
De nos jours les wagons sont équipés d’ un tuyaux de mise à la pression atmosphérique..
mais , il arrive parfois que ce tuyau se bouche , et la , c’ est la catastrophe..
– ne pas oublier de figurer aussi le branchement de la citerne par une prise de terre..un câble avec une pince à fixer à la citerne.
Bon train
Souvenir du passé….quand tu te souviens….
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Bonjour Marc,
Je te (vous ?) remercie pour toutes ces précisions détaillées sur l’utilisation de ces citernes et leurs caractéristiques techniques. Ça sent le vécu.
Et vue tes qualités rédactionnelles, c’est avec plaisir que je t’ouvrirai une « tribune libre » ou « carte blanche » si tu souhaites apporter plus amples précisions accompagnées de quelques clichés. Si ca te branches, tu peux envoyer ton article et les images à :
letraindemanu@gmail.com
Merci pour ton intervention pertinente
Emmanuel
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