Épisode 211 – En ce 1er avril 2020, le blog « letraindemanu » fête son 3ème anniversaire dans une période tourmentée par l’épidémie de coronavirus et le confinement qu’elle implique.
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Alors que le monde entier et notre pays en particulier traversent une crise sanitaire meurtrière sans précédent depuis un siècle qui nous oblige à nous calfeutrer dans nos antres, le blog fête ses trois ans d’existence et entame déjà sa quatrième saison. Un anniversaire dans un contexte inédit puisque un tiers des humains est confiné à domicile, seulement dérogé pour quelques courses indispensables à sa survie. Alors que ce billet annuel est généralement l’occasion festive d’évoquer la belle fréquentation de ce site et de faire le bilan de mes travaux, épidémie de coronavirus oblige, je vous invite cette année à soutenir nos commerçants préférés.
Une crise sans précédent aussi pour nos artisans
Les ferroviphiles ont la chance incroyable de pouvoir se réfugier dans un monde imaginaire sain exempt de tout virus : leur réseau de trains miniatures. Qu’il s’agisse d’un grand réseau dans un sous-sol, d’une belle installation dans un grenier ou d’un modeste diorama dans notre salon, la plupart des modélistes se sont réfugiés dans leur univers uchronique pour s’évader de cette situation exceptionnelle. Nos réseaux sociaux s’affolent de publications de toute sorte prouvant que même les ferroviphiles en sommeil se sont brutalement réveillés pour se remettre à l’ouvrage.
Photo 1533 : le blog Le train de Manu fête son 3ème anniversaire
Si nous nous replongeons légitimement et avec délectation dans notre monde miniature idéalisé, certains professionnels anticipent les prochaines semaines, voire les prochains mois, avec une grande inquiétude économique. J’évoque bien-sûr ici nos artisans créateurs évoluant dans le segment d’activité de notre passion. Car si la plupart d’entre nous sommes, en tant que salariés, fonctionnaires ou pensionnés, à peu près préservés socialement de cette crise sanitaire, il en est tout autrement de nos micro-entreprises. Entre les risques de pénurie de matières premières, les difficultés d’acheminement et des opérateurs de livraisons fluctuants, nos artisans sont réellement menacés, d’autant qu’ils exercent dans un secteur économique de loisir et donc non prioritaire.
La plupart poursuivent leurs activités du mieux qu’ils peuvent en fonction de leurs approvisionnements et survivent grâce à leurs ventes internet soumises aux aléas des livreurs : les points relais, souvent dans des commerces non alimentaires, sont fermés et la Poste, fidèle à sa médiocrité, à déserté face à l’ennemi en fermant ses bureaux depuis une semaine comme c’était le cas à Noisy-le-Sec récemment. Comme je l’écrivais déjà en 2018, cette pitoyable et malhonnête entreprise est une honte nationale !
Nos distributeurs sont tout autant inquiets. Tous ont du fermer boutique pour répondre à l’injonction gouvernementale et préserver leur santé. Eux aussi ne survivent que de leur activité de vente par correspondance avec les mêmes aléas de livraisons. Sans oublier l’annulation de tous nos rassemblements festifs et autres expositions qui sont autant de ventes en moins pour nos petites structures commerciales.
Alors que depuis quelques années nous pouvions nous réjouir d’une redynamisation de notre offre artisanale, il est à craindre que ces acteurs économiques fragiles ne survivront pas tous à cette crise hors norme. Il nous incombe donc de soutenir nos petits distributeurs et nos artisans si nous souhaitons voir perdurer leur activité et profiter encore longtemps de leurs productions originales et de grande qualité. Les grandes marques internationales ont des capacités financières qui leur permettront de surmonter cette situation inédite. Pas nos artisans.
Sans doute conviendra-t-il de repenser notre budget ferroviaire dans les toutes prochaines semaines et de privilégier nos achats à venir chez ces fournisseurs. Vous souhaitiez acheter une remise Faller ? Achetons plutôt une jolie remise Cites miniatures. Vous envisagiez un immeuble Kibri pour compléter votre rue ? Optons pour un bel immeuble Architecture & Passion. Vous pensiez acquérir une nouvelle locomotive à vapeur Roco ou Hornby ? Pourquoi ne pas profiter de cette occasion pour nous lancer dans un kit simple Est-Modèles ? Vous avez besoin de nouveaux lampadaires ? Oublions Ali-Baba et adressons-nous à Lapierre Modélisme. Vous aviez besoin de rails ? Oublions le grossiste allemand aux prix imbattables pour sauver le peu de détaillants qui nous restent ! Bref, réorientons notre pouvoir d’achat vers nos enseignes hexagonales et nos distributeurs locaux. Je ne peux bien-sûr pas tous les citer dans ce billet mais vous en trouverez une liste assez complète dans la colonne de droite du présent site. N’hésitez pas à les contacter pour vos futurs travaux. Vous y trouverez des commerçants soucieux de leur clientèle et avec un service client réactif.
Le milieu ferroviphile est généralement un microcosme de solidarité, comme peut en témoigner Manon sur le forum LR Presse ou moi-même sur le forum 3Rails. Nul doute que nous saurons épauler nos fournisseurs tricolores dans cette crise historique. Et dans quelques mois, l’épidémie éloignée, nous serons fiers d’avoir sauvé nos artisans et de retrouver leurs belles productions.
Ils comptent sur nous, que nous ayons un petit budget ou des finances plus confortables. Si nous n’avons pas déjà tout dépensé en pâtes ou en papier-toilette.
L’abolition du made in China ?
Cette crise mondiale historique aura peut-être aussi, et je l’espère, le mérite de nous obliger à reconsidérer notre société ultra-consumériste, remettre en cause notre mode de consommation destructeur pour l’environnement et dévastateur au plan social : 25% de pollution mondiale en moins depuis que la Chine est à l’arrêt, les eaux de Venise qui deviennent translucides ou le ciel bleu azur de l’agglomération parisienne peuvent sans aucun doute nous inviter à plus de pondération dans nos achats compulsifs souvent inutiles. Voila qui devrait nous amener à repenser notre société en envisageant une économie plus responsable, plus durable et moins énergivore. C’est valable pour nos petits trains, tous fabriqués chez nos amis chinois, comme pour nos textiles et nos médicaments.
Sinon, c’est que nous n’avons rien compris !
D’ailleurs, les récentes publications de mes amis modélistes sur les réseaux sociaux le prouvent : Si chacun s’est relancé dans notre passion commune, très vite, au gré des vagues de confinement, beaucoup se sont retrouvés face à une évidence : la pénurie de matière première ! Les grandes surfaces de bricolage fermées nous confrontent à une réalité : nous sommes de grands consommateurs de produits en tout genre et nous rendent totalement dépendants. Quel paradoxe alors que le modélisme est justement l’art de créer et d’inventer. Depuis quelques jours donc, nous nous apercevons que l’on peut faire du modélisme avec finalement peu de choses : un bout de bois, un morceau de carton et trois fois rien permettent de construire un bâtiment, créer un paysage et de se satisfaire de ce minimalisme imposé.
Certains compteurs de rivets trouveront sans doute de l’amertume à sombrer dans un tel » miséramodélisme « , eux qui sont habitués à une perfection idéalisée voire luxueuse. Pour autant, malgré cette crise anxiogène, je me régale de trouver encore des ressources afin de poursuivre l’œuvre débutée il y a trois ans, avec des moyens encore plus contraints. C’est dire ! Mais on y arrive malgré tout avec un peu de persévérance et d’ingéniosité. Je ne serais d’ailleurs pas surpris d’apercevoir d’ici peu des réalisations » Made in confinement » faites de bric et de broc et surtout de beaucoup de débrouille. Du vrai modélisme en somme.
En cette période particulièrement difficile marquée par les déserteurs de La Poste (qui prouvent définitivement qu’ils ne sont plus un service public) et par l’incompétence criminelle de nos gouvernants, j’adresse mes plus sincères et confraternelles amitiés à tous les personnels soignants et agents hospitaliers, tous courageusement montés au front pour combattre sans arme ni munition ce mal invisible qu’est le coronavirus (CoVid19). Outre les soignants, nous pouvons aussi en profiter pour remercier les sapeurs-pompiers partis en première ligne ; les policiers et gendarmes qui maintiennent un minimum d’ordre dans notre pays délabré ; les routiers, caissières et logisticiens qui assurent l’approvisionnement essentiel à notre survie et les éboueurs qui évitent que notre pays ne se transforme en une vaste décharge. Tous, et j’en oublie, méritent à la fois notre respect et notre admiration face à l’abnégation dont ils font preuve en cette période tourmentée et dangereuse. J’aurai enfin une pensée toute particulière pour nos amis Italiens et Espagnols durement frappés par cette épidémie.
Prenez soin de vous et de vos proches.
RESTEZ CHEZ VOUS !
Emmanuel
■ Avertissement aux artisans et créateurs : n’hésitez pas à me faire connaître votre actualité. C’est avec plaisir que le blog relaiera vos nouvelles en cette période exceptionnelle.