Épisode 177 – Le blog « letraindemanu » fête ses deux ans. Flash-back sur les temps forts de cette belle aventure pleine d’humanité.
En ce début du mois d’avril, le blog » letraindemanu » fête son second anniversaire. Un événement quelque peu éclipsé par une intervention chirurgicale et des pannes internet récurrentes sur le réseau SFR. Après cette période de convalescence, il est donc temps de se remettre à l’ouvrage car, force est de le constater, j’ai pris du retard sur les objectifs fixés l’an passé : le module « ZI Nord » n’est pas achevé et le module « ZI Est » n’est pas encore entamé.
Le 10e art en 2.0 c’est fun
En ces temps d’insouciance environnementale et d’inquiétudes sociales légitimes, notre passion en représente d’autant plus un moment de ressourcement. Dans ce monde tumultueux gangrené par le capitalisme barbare, un individualisme exacerbé et la lobotomisation médiatique de masse, notre monde miniature est une source infinie d’épanouissement. Les ferrovipathes ont en effet la chance d’être accros à un hobby pluridisciplinaire qui leur permet de se découvrir d’innombrables talents intellectuels, manuels et artistiques. Au point que notre pratique, généralement débutée dès notre enfance, nous apporte sans cesse plaisirs et satisfactions, parfois et même bien souvent tout au long d’une vie. Elle sait surtout sans cesse nous surprendre, nous invite à explorer nos capacités techniques et stimule notre énergie cérébrale.
Cet art, puisque s’en est un au sens où il nécessite des connaissances et des compétences dans un objectif créatif prédominé par l’esthétisme, stimule l’intellect et les émotions. Dans un édito paru en 2008 sur le site « voie de débord« , Alain Sénès considérait que le modélisme ferroviaire, même s’il représente « un élément de stabilité« , n’est pas fun. Et pourtant, à bien y regarder, ce loisir est sans doute bien plus complet que la plupart des autres formes de modélisme. Alain, pratiquant talentueux dont vous avez forcément apprécié l’une de ses nombreuses réalisations et plus connu sous le pseudonyme « Moduleho » qui signe ses contributions sur les forums et réseaux sociaux, s’est particulièrement fait remarqué avec deux œuvres majeures : un réseau industriel titré « Saint-Tristan » [en point-to-loop] et, plus récemment, un réseau d’inspiration outre-Manche [réseau bouclé avec rupteur scénique] présenté dans Loco-revue. Deux réalisations bien différentes qui pourront inspirer les modélistes en quête d’un plan de voie. C’est donc non seulement un chroniqueur avisé mais surtout un modéliste averti qui compare notre art aux autres pratiques modélistes dans un billet percutant.
Ainsi, notre collègue ferroviphile met-il en exergue la complexité apparente de notre exercice pour mieux expliquer le désamour que nous subissons face à des variantes de maquettismes, certes autant exigeantes, mais moins spatiovores, plus fougueuses, plus souples d’emploi et plus spontanées. « (…) Un train ne se pilote pas, il ne déclenche pas de poussée d’adrénaline quand nous sommes aux commandes. En règle générale, ce n’est pas une activité de plein air, alors que les voitures, les bateaux et les avions (se suffisent à eux même) et peuvent facilement servir de prétexte à la sortie du dimanche (…) » concède-t-il bien volontiers et à juste titre pour motiver les choix des nouvelles générations.
Pour autant, et en cela je partage son excellente analyse, l’auteur plaide-t-il notre cause en vantant les innombrables qualités de notre hobby, fort variées de surcroît. Au point qu’il aurait pu troquer sa casquette de chef de gare, fût-elle anglaise, contre une robe d’avocat pour mieux révéler nos atouts, souligner nos apprentissages et valoriser nos compétences. « Le modéliste ferroviaire est un créateur de monde. » affirme-t-il avec justesse, rappelant que « Le modéliste ferroviaire est un metteur en scène, un auteur, une sorte d’artiste façonnant une image de la réalité, voire une réalité à son image.»
Un hobby évolutif et intergénérationnel
Cette allusion au monde du spectacle ou au domaine artistique est appropriée pour évoquer cet aspect créatif d’un hobby qui, non seulement contribue à l’enrichissement intellectuel et artistique du pratiquant, mais surtout est évolutif et lui permet de sans cesse le surprendre tout au long de sa vie. Car c’est bien là l’atout premier de notre dévorante passion : sa capacité à nous enchanter perpétuellement.
Le jeune enfant qui débute dans le modélisme ferroviaire cherchera avant tout une activité récréative et divertissante. Le matériel aux couleurs vives doit être robuste à défaut d’être détaillé pour résister aux mains inexpertes. Il doit être fiable, car toute panne sera rédhibitoire et découragera inévitablement celui qui était un modéliste en devenir. Il doit être ludique, stimuler l’imagination et inciter à d’innombrables manœuvres même si elle sont improbables. Cette activité aux multiples facettes lui permettra de détecter, voire se découvrir, des compétences nouvelles au point de l’entraîner sur des sentiers qu’il n’aurait sans doute pas imaginés.
Avec la maturité et l’expérience, le modéliste adolescent pourra approfondir ses connaissances, découvrir de nouvelles facettes et révéler de nouveaux talents techniques ou esthétiques. Le féru d’informatique pourra s’adonner à cette compétence, le train miniature étant aujourd’hui bardé de circuits imprimés, tout autant que l’artiste pourra s’épanouir dans les aspects plus décoratifs et créatifs tant la miniaturisation permet d’imaginer des décors époustouflants. Notre monde miniature est, à l’image de notre monde réel, d’une incommensurable diversité.
Les années passant, la passion ferroviphile vous invite à des approches plus cérébrales. A travers le récit des hommes qui ont conçu, fabriqué et fait rouler ces machines ancestrales, on redécouvre l’histoire, on revit notre épopée industrielle, on perçoit les mutations sociales et les migrations qui ont jalonné les décennies passées tant dans notre pays que sur les continents.
Intergénérationnel, le modélisme ferroviaire réunit les âges, agglomère les expériences, favorise le partage et crée du lien social en replaçant l’humain au cœur de l’activité.
L’humain au cœur du projet
L’aventure de la Compagnie Industrielle et Commerciale [ CIC, compagnie fictive, NDLR ], débutée le 1er avril 2017, n’aurait pas connu un tel avancement sans le soutien spontané des nombreux mécènes qui ont contribué à la réussite du projet. En plus des membres de ma famille, Antoine (Hauts-de-Seine), Christian (Oise), Jeanne et Olivier (Paris), Pierre et Jean-Pierre (Suisse), Philippe (Yvelines), Vincent (Bretagne) et Vincent (Belgique) ont ainsi parrainé la compagnie en offrant locomotives, voitures et wagons, éléments de décor et accessoires techniques. Que ces modélistes, que ne me connaissaient pas auparavant, en soient ici une nouvelle fois remerciés. Tous ces donateurs émanent des forums au premier rang desquels le forum spécialisé « 3 rails », étant moi-même Märkliniste. Dans cette approche d’un modélisme 2.0, la générosité est une réalité dont je ne suis pas le seul bénéficiaire tant j’ai pu constaté ces comportements altruistes à l’égard d’autres pratiquants. Ainsi, le forum « LR presse » regorge-t-il également de donations au bénéfice des plus jeunes ou plus modestes. Ces contacts initialement virtuels tissés sur la toile ont débouché, du moins pour les donateurs les plus proches géographiquement, sur des rencontres chaleureuses dont la seule motivation était le plaisir partagé et le désir d’épauler.
Premiers véhicules dans la zone industrielle
Retour dans ZI Nord. Si la première année a été marquée par le gros œuvre et les premiers bâtiments, cette seconde annuité a permis de donner vie à ce module industriel avec l’arrivée des premiers véhicules : Un Type H et une fourgonnette 2cv Citroën ainsi qu’un camion citerne Renault Galion ont trouvé place dans la cour de l’entreprise Laure Noirt et rappellent ainsi l’activité pluridisciplinaire de ce négociant en combustibles.
Photo 1199 : Les premiers véhicules routiers dans la zone industrielle. Source : letraindemanu.fr
Un camion Panhard aux couleurs de Loco-Revue circule désormais dans cette zone d’activité pendant qu’une Renault 4L de la gendarmerie patrouille a proximité du passage à niveau. Prochainement, ce sont des véhicules de sapeurs-pompiers ainsi qu’un camion-benne qui investiront les lieux.
Premiers voyageurs
Pour cette cuvée 2018/2019, une centaine de voyageurs ont pris place dans les voitures de la compagnie et une quinzaine de personnages ont déambulé dans la zone d’activité. Ce premier assortiment sera complété au gré de l’avancée des travaux… et des opportunités en expos.
Photo 1200 : Premiers personnages dans la zone industrielle. Source : letraindemanu.fr
Premières végétations
Les premières végétations et des arbres ont fait leur apparition égayant d’autant la grisaille de cette zone industrielle. De nouveaux feuillus seront plantés au fur et à mesure de l’installation des derniers bâtiments et une cour de ferrailleur, envahie d’herbes folles, verra le jour au premier plan.
Photo 1201 : Premières végétations dans la zone industrielle. Source : letraindemanu.fr
Premiers éclairages et passage à niveau
Cette seconde année aura vu également l’installation des premiers éclairages : Dans la gare de ZI Nord avec des candélabres de type ancien, dans la rue du fond de décor avec des lampadaires plus modernes et dans la plupart des bâtiments. Dans le même esprit, la signalisation lumineuse du passage à niveau a été implantée. Une deuxième tranche d’éclairage est prévue cette année dans la cour de l’entreprise Laure Noirt. Les branchements électriques de ces luminaires sont provisoires, la réfection du tableau de commande et de contrôle étant à l’étude pour en améliorer l’esthétique et l’ergonomie.
Photo 1202 : Premiers éclairages dans la zone industrielle. Source : letraindemanu.fr
Nouveaux bâtiments
Plusieurs bâtiments ont été implantés cette année : Un immeuble d’habitation (Joswood), l’Hôtel du Nord (Architecture & Passion), coupé en deux, a permis de créer deux bâtiments en fond de décor, et l’implantation de deux cabines d’aiguillage (Cités miniatures). Une grue à eau a également été installée en bout de quai de ZI Nord. Le plan local d’urbanisme prévoit de nouveaux immeubles dans les prochains mois.
Photo 1203 : Premiers bâtiments dans la zone industrielle. Source : letraindemanu.fr
Matériel roulant
Pour clore ce panorama, j’évoquerai le parc roulant. Le parc moteur compte désormais 5 engins de traction, tous à vapeur : une 050 TA SNCF (Mfx Sound), Une BR 38 DB (Mfx, patinée), une 230 F SNCF (Delta), une BR 80 DB (Delta, patinée) et une 030 KLVM (à digitaliser). L’objectif serait aujourd’hui de diversifier le mode de traction avec une locomotive diésel.
Le parc voitures voyageurs comprend : une Bruhat en livrée verte et une seconde en livrée expérimentale bleu/crème. Deux voitures à portières latérales et une » boite à tonnerre » complètent l’offre commerciale voyageurs.
Le parc marchandise comprend 27 wagons, dont beaucoup ont été patinés. Parmi ces wagons, plusieurs sont affectés au service » Voies et Bâtiments » (un couvert atelier, un plat de service, une trémie ballastière) et au service » Matériel et Traction » (Citernes de gasoil, tombereaux de charbon et de sable).
Il est maintenant temps de retourner à l’ouvrage et d’entamer la saison 3.
Emmanuel