Bien choisir les véhicules routiers


Épisode 101 – Si bien des modélistes choisissent les véhicules routiers de leur réseau sur un achat « coup de cœur« , d’autres ont une démarche historique plus élaborée pour que leur parc automobile soit en adéquation avec leur matériel roulant ferroviaire. Cela nécessite un minimum de curiosité et de recherches qui aboutira à une flotte routière harmonieuse.


Bien-sûr, dans ce domaine du décor comme pour le reste du réseau, tout est possible pour se faire plaisir. Pour autant, il est préférable d’éviter les fabrications aux livrées fantaisistes ou anachroniques qui immanquablement vont dénaturer l’harmonie générale de votre œuvre. Il vous faut donc fixer, tout comme pour le parc roulant ferroviaire, une période représentée : inutile de placer sur un réseau d’époque III une belle ambulance cellulaire sérigraphiée « SAMU« , puisqu’officiellement ce dernier n’a été créé qu’en 1986.

Les gyrophares

En parlant justement de véhicules de secours, des véhicules très prisés des modélistes à de nombreuses échelles, arrêtons-nous quelques instants sur leurs feux spéciaux, les célèbres gyrophares, les feux rotatifs.

« Les gyrophares (feux tournants) ont été inventés par Julien Pecoud-Bouvet, gendarme lyonnais au début du XXe siècle, qui préconisa leur diffusion à l’ensemble des véhicules officiels.» nous apprend ainsi le site de l’Association du Patrimoine et Traditions de Gendarmerie (APTG). L’esprit étant d’équiper les véhicules officiels qui jusqu’ici n’étaient dotés que de simples cloches puis d’avertisseurs sonores spécifiques et parfois de phares de toit ou de calandre, rouges bien souvent. Le modèle proposé est alors un feu rotatif émettant une lumière jaune-orangée sur les véhicules de police, de gendarmerie et des pompiers, l’ambulance municipale étant alors équipée d’un drapeau de toit relevé quand elle est en charge. Ce gyrophare orange apparaît en 1958.


Photo 571 :  Cette Peugeot 403 de la gendarmerie avec sa peinture noire et son gyrophare orange situe la période entre 1958 et 1969. Modèle à l’échelle ho reproduit par SAI collection Rétro 87. Source iconographique : extrait du: Site Caradisiac.com

En 1966, le feu bleu rotatif est institué pour les ambulances, les véhicules prioritaires restent à l’orange.

L’apparition du feu bleu tel que connu encore actuellement ne date que de 1971. Le Code de la route instaure alors trois types de feux spéciaux :

– Le feu bleu rotatif destiné aux véhicules d’intérêt général bénéficiant de la priorité de passage (catégorie À) : À cette époque, les services de police et de gendarmerie et « les véhicules de lutte contre l’incendie« . On constate donc qu’a cette période tous les véhicules de sapeurs-pompiers ne sont pas encore concernés.

– le feu bleu clignotant à faisceau stationnaire est destiné aux véhicules d’intérêt général bénéficiant de la facilité de progression (catégorie B) : les ambulances traditionnelles, les ambulances de la Croix-Rouge et de la Protection civile (ne pas confondre avec la Sécurité Civile), mais aussi les ambulances médicalisées des premières expérimentations de ce qui allait devenir plus tard le Samu.

– le feu jaune rotatif ou clignotant est désormais réservé aux véhicules lents et assimilés, véhicules agricoles, dépanneuse,…

La loi de janvier de 1986 crée les SAMU et SMUR. Les ambulances de ces services sont classées en catégorie A (prioritaires).

De 1971 à nos jours, la liste des véhicules listés dans ces catégories s’est élargie et modifiée. Ainsi les véhicules des Douanes, tout comme les véhicules de l’administration pénitentiaire, initialement non concernées ont été classés d’abord en catégorie B puis plus récemment en catégorie A.

Les véhicules EDF/GDF secours sont classés en catégorie B. Ils seront progressivement déclassés en catégorie C à partir de 2003 lors du changement de statut et l’ouverture à la concurrence.

Les engins de lutte contre les intempéries hivernales sont classés en catégorie B en 1998. A partir de cette date vos chasse-neige peuvent donc être équipés de leds bleues. Les véhicules d’interventions des patrouilleurs autoroutiers passent de la catégorie C à la catégorie B au début de ce siècle.

Les rampes, d’abord fournies avec des lampes halogènes, sont épaisses et généralement bicolores. La généralisation des leds depuis une vingtaine d’années à permis la fabrication de rampes ultraplates, généralement avec caches en cristal et leds multicolores. Leur esthétique est donc très différente.

Un module sonore n’a d’intérêt que sur des véhicules en mouvement (Car-Système Faller ou véhicules radiocommandés).

Livrées et sérigraphies

A l’exception des corps de sapeurs-pompiers dont les véhicules sont historiquement rouges, les livrées des administrations ont évolué au fil du temps.

Ainsi, la gendarmerie disposait de véhicules noirs dans les années 50 et ce jusqu’en 1969, date à laquelle les véhicules passent au « bleu moyen« , dit « bleu gendarmerie« . A la fin du siècle, le bleu gendarmerie devient plus clair et plus vif.

Côté police, il n’y a pas à proprement parler de flotte homogène. Jusqu’à l’après-guerre, la Traction Citroën noire est plutôt destinée à la police judiciaire. La police de circonscription se déplace essentiellement en moyens collectifs (cars Renault) ou à vélo (hirondelles). Il faut attendre 1955 pour voir une peinture spécifique avec la Renault 4cv en livrée « pie », noire et blanche. Dans les années 75, se côtoient des véhicules de police-secours en livrée « pie » (R8, Tube H dont le célèbre « panier à salade« ,…) et d’autres en livrée grises. Ces livrées sont plus destinées aux véhicules d’intervention de voie publique.

Les premières rampes multi-feux équipent la police parisienne et la police de grandes agglomérations dans les années 80 (les énormes Goldorak de chez Sirac suivies par les Mercura). A la même période, les nouveaux véhicules sont livrés avec des sérigraphies adhésives tricolores sur des véhicules blancs. La photo 611 ci-dessous, extraite du site Amicale-Police-Patrimoine, montre une Renault R18 version turbo dans la nouvelle livrée tricolore et équipée d’une rampe Sirac emblématique des années 1980. Elle était plutôt destinée à la chasse de voitures puissantes.

Photo 572 : une R18 turbo de la police dans la nouvelle livrée tricolore et avec les nouvelles rampes multi-feux de Sirac est emblématique des années 80. Source : Extrait du site Amicale-Police-Patrimoine.fr

Côté des Samu, il y a eu de nombreuses livrées. Même si les véhicules Smur étaient majoritairement blancs, il y a eu des version rouges en fonction des conventions locales entre service hospitalier et services départementaux d’incendies et de secours. Des expérimentations en peinture vert- jaune fluo ont même existé.

Plus globalement, pour les véhicules ambulances, on peut distinguer quelques périodes :

● Avant 1950, hors véhicules militaires, les ambulances étaient aménagées sur la base de véhicules breaks (Juva 4). Leur équipement de premiers secours est sommaire.

● Dans les années 50, commencent à apparaître les aménagement sur la base de fourgons (Tube H) car il offre un plus bel espace de travail autours du malade avec des appareils plus nombreux. Certaines ambulances peuvent même recevoir deux blessés couchés. Par la suite, les fourgons rehaussés sont privilégiés.

Les VSAB pompiers des années 65 se font sur base de Peugeot J7 puis J9, Renault Master.

● Il faut attendre les années 90 pour voir l’apparition de cellules cubiques sur châssis-cabine directement inspirées des ambulances d’Amérique du Nord. A ce propos, on peut noter qu’avec l’arrivée de ce nouveau type d’équipement, les anciennes ambulances retrouvent une seconde vie dans la logistique (véhicules PC mobiles, soutien logistique opérationnel, postes médicaux avancés,… ), auprès des associations de secourisme et d’entreprises privées.

Les marques et logos

Les entreprises portent une identité visuelle sur leur véhicules qui évolue au fil du temps. Ces logos permettent donc de dater une période. Il en est ainsi d’entreprises historiques telles que l’administration des PTT devenue La Poste et France-Télécoms.

Ainsi, le logo de la marque Carrefour n’a été créé qu’en 1963 juste avant l’ouverture de leur premier supermarché. De même, « Le premier McDonald’s a vu le jour en 1952, mais son logo en forme de double arche n’a été créé que dix ans plus tard par Jim Schindler, responsable du design des restaurants du groupe » rappelle ainsi le site Capital.fr dans un billet économie du 15 octobre 2010.

En choisissant de représenter une enseigne sur votre réseau, il vous faudra donc vérifier l’existence du logo et surtout sa version.

Les numéros de téléphone

Les numéros de téléphones qui figurent sur les véhicules apportent des précisions chronologiques.

La numérotation automatique apparaît à Paris en 1928. Le numéro de l’abonné est identifié par trois lettres (le nom du central) suivi de quatre chiffres (numéro attribué dans l’ordre d’inscription). En 1953 (à partir de 1963 pour Paris), les trois premières lettres sont remplacées par les chiffres équivalents, mais l’utilisation des lettres restera dans les usages de nombreuses années plus tard.

Photo 573 : Acadiane Citroën de la société Allo dépannage avec sa numérotation à sept chiffres permet de dater ce véhicule dans les années 80. Source : extrait du site Tacot.com

1985 : La numérotation, jusqu’ici a six chiffres en province et sept dans les grandes agglomérations, passe à huit chiffres en métropole.

1996 : la numérotation à dix chiffres est instituée.

Les numéros d’appel d’urgence (17, 18,15 et 112). Difficile de dater précisément la création du 17 police-secours puisque la capitale était dotée de bornes d’appels sur la voie publique jusque dans les années 70. Il semble que le 18 a été institué dans les années 20. Le numéro 15 pour les urgences médicales a été expérimenté dès 1980 puis officialisé en 1986 avec la loi sur l’Aide médicale urgente.

Le 112 a été mis en place dans la Communauté européenne dès 1990. En France, à partir de 2000.

Les choix

Ces éléments de décor ont un coût. Et l’offre est importante. Beaucoup de livrées et versions sont en série limitée. Il va donc falloir faire des choix, et parfois être patient avant de trouver le modèle recherché chez vos fournisseurs habituels.

Sauf si vous envisagez un grand parking devant votre immense gare moderne, l’accumulation de trop d’engins disparates n’est pas très réaliste.  il est sans doute préférable de travailler sur des scénettes qui apporteront une âme à votre réseau et justifieront la présence de vos véhicules pour créer des tranches de vie et raconter une histoire à l’aide de personnages bien choisis. Moins mais mieux.

Tout comme votre parc ferroviaire, il sera intéressant d’améliorer les modèles de base avec quelques touches de peinture acrylique (optiques, poignées,…) et une légère patine plus ou moins prononcée selon l’usage de la référence.

Il ne reste plus qu’a laisser libre cours à votre imagination pour créer des scènes originales et historiquement cohérentes.

Emmanuel

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