Patine : Un tombereau chargé de sable


Episode 54 – Dans un projet de réseau à caractère industriel, le parc roulant marchandises revêt une importance toute particulière. Je décide donc de me lancer dans la patine des wagons, avec un tombereau pour ce premier exercice. Grande première pour moi !


Dans ma pratique précédente, je n’ai jamais patiné mon matériel roulant, sans doute par crainte de flinguer toute ma collection Märklin de l’époque. Mais l’initiation aux constructions de bâtiments dans le cadre de mon projet « Z.I. Nord » et leur mise en peinture m’ont incité à sauter le pas.

Un tombereau chargé de sable

Photo 289 : Un wagon Jouef pour ma première expérience de patine. Source : letraindemanu.fr

Pour cette première expérience, j’ai choisi de débuter avec un wagon tombereau qui sera chargé de sable. Il pourra ainsi desservir tant un futur client de ma zone industrielle que mon service d’entretien de la voie. Il va de soit que pour ce baptême du feu, il est hors de question de m’essayer sur l’un de mes rares wagons Märklin tout neufs. Je me suis donc rendu dans la boutique « Les Cheminots » à Paris où j’ai pu trouver l’objet de ma convoitise, en l’espèce un vieux tombereau Jouef, qui ne m’aura coûté qu’à peine dix d’euros.

Il s’agit de la référence 6225 période 1977-1999. Certes, ce modèle du siècle dernier n’est pas aussi fin que les productions actuelles, mais la gravure est d’assez bonne qualité. En revanche son châssis témoigne de son époque de fabrication. Les attelages sont en bon état tout autant que ses tampons et il roule bien.

Pour la petite histoire, il s’agit d’un tombereau OCEM Elo Riv-Europe immatriculé à la SNCF. Il a fait l’objet d’un article de Yann Baude (superdétaillages) dans Loco-Revue 698 d’octobre 1998.

Je précise enfin que je n’ai pas d’aérographe et que mon « atelier » de peinture est équipé de manière assez basique. Les peintures et terres à décor de qualité sont des produits assez chers. Je ne dispose donc pas d’une grande palette de couleurs.

Préparation du chargement

Je commence par réaliser le chargement. En effet, la découpe puis l’adaptation de la plaque support nécessite de manipuler le wagon. A faire avant peinture donc.

Je découpe une pièce de Carton-Plume aux dimensions internes du tombereau. Puis je frotte délicatement les cotés de cette pièce sur du papier de verre posé à plat sur le plan de travail, jusqu’à ce que la plaque puisse être insérée dans le wagon sans avoir à forcer. Car l’objectif c’est d’avoir un chargement amovible et interchangeable.

Une fois aux bonnes dimensions, j’étale une couche généreuse de colle vinylique.

Le sable utilisé est du vrai sable naturel issu des opérations de ballastage (voir épisode 13) et que j’avais conservé précieusement. Je le saupoudre grâce à un petit entonnoir de cuisine, ce qui me permet de bien doser. Il faut en effet reproduire la gravité de l’opération réelle de remplissage et les amoncellements qui en résultent.

Lorsque le relief du chargement est conforme, je pulvérise un peu d’eau avec un brumisateur. Puis j’encolle le tout avec de la colle vinylique diluée avec un peu d’eau et une goutte de liquide vaisselle. C’est finalement une opération identique au ballastage des voies, à la différence qu’ici le matériau est beaucoup plus fin. Cette étape terminée, le chargement est mis à sécher pendant une journée.


Photo 290 : Réalisation du chargement de sable. Source : letraindemanu.fr

Patine du wagon : le lavis

La première opération consiste à séparer les éléments. Je retire les roues et sépare la caisse du châssis. Opération sans difficulté grâce aux ergots.

Puis je prépare un lavis très dilué de peinture acrylique Pébéo noire. C’est donc une eau à peine colorée que je passe tout d’abord sur tous les pourtours de portes, au niveau des renforts, des poignées, du porte-étiquette et d’une manière générale tout relief susceptible de s’encrasser. J’applique avec un pinceau n°2. Le travail est un peu long car il faut attendre le séchage complet pour appliquer une nouvelle couche. Je pense que la prochaine fois j’essaierai en diluant la peinture avec de l’alcool à 70° qui s’évapore plus vite que l’eau.

Avec une peinture très diluée, cela permet de mieux maitriser un assombrissement progressif des parties traitées.

Lorsque j’ai obtenu le résultat souhaité, je travaille sur le centre des parois. Je passe un lavis noir sur l’ensemble de la caisse y compris son intérieur ainsi que le châssis. A noter que sur la caisse, je ne peints pas sur les marquages. Enfin, s’il y a des coulures indésirables, elles sont simplement essuyée au coton-tige. La dilution du lavis laisse le temps de travailler sans crainte.

Photo 291 : Caisse et châssis ont été remontés après le lavis de noir. Source : letraindemanu.fr

Patine : Terres à décor

Après remontage de la caisse et du châssis, je pulvérise un léger voile de vernis mat en bombe. Il va protéger ma peinture et permettre l’accroche des terres à décor. Attention, le vernis a tendance à atténuer la patine.

Quand le vernis est bien sec, j’applique, dans l’ordre :

– De la terre à décor noir poussière sur la caisse en insistant sur tous les renforts et recoins, comme pour la première passe du lavis précédent ;
– De la terre à décor ocre clair sur le pourtour du châssis et les lames des ressorts ;
– De la terre à décor rouge brique sur les lames des ressorts ;
– De la terre à décor noir poussière sur les boites à essieux ;
– De la terre à décor blanche sur le relief des parois.

L’application des terres à décor se fait avec un petit pinceau n°2, si besoin frotté au pinceau-brosse n°14.

Un voile de vernis léger fixe le tout. Après séchage, il faut évaluer les teintes obtenues et réaliser une seconde fois les opérations si le vernis a trop atténué l’application précédente.

Photo 292 : Le wagon tombereau avant et après patine. Source : letraindemanu.fr

Patine : le sable

En plus de la saleté commune à tous ces types de wagons, les tombereaux sont teintés des produits qu’ils transportent, en particulier pour les matériaux en vrac (sable, calcaires, briques,…).  Pour donner une teinte « sable » à ce wagon régulièrement utilisé pour ce transport, j’ai simplement plongé mon wagon, retourné, dans mon bac de sable et l’ai ainsi frotté à plusieurs reprises jusqu’à ce qu’il s’imprègne suffisamment de la poussière de ce matériau (Photo 309 ci-dessous).


Photo 293 : Le wagon tombereau trempé dans le sable naturel. Source : letraindemanu.fr

Un dernier voile de vernis et nouveau séchage prolongé.

Quelques heures plus tard, le chargement est inséré dans la caisse. Une cale en carton-Plume est insérée en dessous selon la hauteur désirée du chargement.

Le wagon peut ainsi être incorporé au prochain train qui desservira la « Z.I. Nord« .

Photo 294 : Le wagon-tombereau est prêt au départ. Source : letraindemanu sur Canalblog

Voilà un vieux wagon Jouef qui démarre une nouvelle vie. Cà aussi, çà fait plaisir. Je pense que les wagons offerts par Olivier vont bientôt passer par la case « patine« .

N’hésitez pas à me faire part de vos suggestions pour le prochain cobaye.

Emmanuel

9 commentaires

  1. Bonjour Manu,

    J’ai suivi tes bons conseils et j’ai donc reproduit des chargements avec de la litière à chat (granulométrie à choisir mais l’effet pierres en calcaire est bluffant), le sable de rivière qui est superbe ou le sable de plage (pas convaincant car trop fin son effet trop compact).
    Je réfléchis maintenant à la version betterave avec des graines à oiseaux mais je ne connais pas du tout la taille maximum pour que la cohérence d’échelle soit bonne.
    Reste un sujet que je ne crois pas que tu aies traité : l’attelage court e élongation. Deux questions se posent et je te sollicite sur les trois si tu as deux minutes.

    1. Prévois tu un épisode spécifique de cette transformation particulière?

    2. Si oui, prévois tu un attelage maison généralement économique ou pars tu sur les dispositifs du type Roco que j’ai testés qui ne marchent pas pour tous les wagons et voitures et qui sont chers ?

    3. Doit on installer les timons de sorte que les tampons soient jointifs ou faut il prévoir malgré tout un espace ? J’avoue avoir peu d’info sur ce positionnement.

    Merci pour ce que tu fais et rends possible.

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    1. Bonne question pour les attelages… Comme tu le sais, la plupart de mon parc remorqué est du matériel d’occasion, parfois ancien, soit offert, soit acheté pas cher. J’ai donc dans mon parc un vaste panel d’attelages plus ou moins anciens. Donc pour ce qui me concerne, je suis plus boucle standard pour une question de compatibilité entre wagons d’âges différents. Beaucoup d’ailleurs n’ont même pas de boitiers NEM.

      Quant aux tampons joints, il est préférable d’avoir des courbes généreuses que beaucoup de modélistes ne disposent pas.

      Mais je vais réfléchir à ce thème.

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      1. Manu,
        Ton souci du super détaillâtes me plaît et il est reconnu. Je m’en inspire à mes rares moments libres pour me détendre. Ce faisant, je suis comme toi. J’ai du vieux matériel jouef qui a plus de 40 ans et qui n’a jamais roulé. Car je n’ai pas de réseau. Je le détaille pour le plaisir de l’améliorer. La dimension attelage est un vrai plus mais je la trouve hors de prix. Les pièces de chez Roco sont chères même si ce sont des pièces de précision, j’en conviens. Idéalement, il serait bien qu’on trouve une solution maison avec un élastique de rappel et une pièce timon mais la question n’est pas simple du tout. J’en suis incapable moi même.

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        1. En fait, tout dépend de ce que recherche le modéliste dans son attelage.
          – Soit une rame complète à tampons joints pour des raisons esthétiques sur une voie de parade,
          – soit des attelages pratiques à dételer pour des manœuvres sur des embranchements,
          – soit des attelages électriques pour alimenter des éclairages, voire une voiture pilote,
          – des attelages fixes pour rame indéformable (mais qui nécessitent des vitrines type TrainSafe pour le stockage ou une gare cachée conséquente)

          Bref, chaque attelage a ses avantages, ses inconvénients pour chaque type d’objectif.

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  2. Bravo

    Concernant le chargement du wagon., ton didactique est aussi valable pour tout autre chargement de wagon comme :
    du minerais et charbon..

    pour combler le chargement suffit de découper avec le cutter dans des protections d’ emballage polystyrène des rectangles,

    le rectangle arrivera 5 mm plus bas que le haut du wagon.
    puis avec du papier Canson , tu y découpe un rectangle , au mesure intérieur du wagon , que tu colleras à la colle à bois sur le polystyrène,
    une fois la colle seche , tu passe sur le rectangle de la colle à bois, une petite couche , et tu saupoudres de la matière choisit..
    – amusez vous bien..

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    1. Bonsoir Marc, effectivement on peut utiliser toutes sortes de matières : sables, cailloux, gravier, charbon,…
      On peut aussi reproduire des briquettes de charbon ou des briques, …
      Merci pour tes observations
      Manu

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